Enseigner les utopies urbaines des  XIXè  et  XXè  siècles  

Compte-rendu d'une intervention prononcée lors d'une table ronde pendant les rendez-vous de l'Histoire de Blois le  13 octobre 2000.
Animateur : BERNARD PHAN, vice-président de l’APHG
Participants : GRACIA DOREL-FERRÉ, inspectrice pédagogique régionale de l’académie de Reims, ROBERT MARCONIS, professeur des Universités, président de l’APHG, 
VÉRONIQUE DE MONTCHALIN, professeur,
secrétaire régionale de l'Aphg.
 

Compte-rendu réalisé par Véronique de Montchalin.    Télécharger le compte-rendu :
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Enseigner les utopies urbaines des XIXè et XXè siècles.

Pourquoi?

Les utopies ne sont souvent que des vérités prématurées écrivait Lamartine, à quoi Le Corbusier, en exergue de sa Cité Radieuse, ajoutait voilà ce qui donne à nos rêves de la hardiesse : ils peuvent être réalisés.
·         parce qu'effectivement  les utopies urbaines des 19è et 20è siècles ont donné lieu à des réalisations certes souvent partielles, controversées, mais qui sont devenues des références pour les architectes et les urbanistes d'aujourd’hui
·         ensuite parce que se pose avec une acuité croissante la question de la qualité de l'environnement urbain et de la place de l'homme dans cet environnement
·          enfin parce qu'aujourd'hui nos élèves sont des citadins et que la ville est le lieu principal de leur déambulation, de leurs rêves et de leurs angoisses : si nous voulons qu’ils deviennent des acteurs de leur environnement, il faut leur donner des éléments pour une mise en perspective historique: la ville d'aujourd'hui se construit sur et par la ville d'hier tout comme la ville de demain se construira sur et par la ville actuelle 
·     et l’on peut poser la problématique suivante : les utopies urbaines des 19ème et 20ème siècles influent-elles sur notre cadre de vie et de quelle façon ?

Dans quel cadre ?

- celui de l'option histoire des arts en lycée où l'une des questions inscrites au programme de Terminale s'intitule : utopies et grands projets urbains au 20ème .
- mais il peut être intéressant d'élargir cette expérience et d'envisager ce travail dans le cadre d'un TPE. Ceci est possible dans les classes de 1ère Littéraire où la ville est un des thèmes proposés.
Les sujets choisis devant être étroitement articulés au programme et toucher à plusieurs disciplines, on peut suggérer entre autres à des  élèves intéressés par l'urbanisme, dans une 1ère littéraire option arts, l'intitulé suivant : les utopies urbaines à l’âge industriel. Ce sujet pouvant se rattacher à trois disciplines enseignées dans cette classe : arts, lettres, histoire–géographie.

Les TPE viennent de commencer : il ne peut donc s'agir à cette date de l'année d'un produit fini, ce qui de plus serait contraire à l'esprit même de cette expérience mais il s'agit avant tout ici de présenter les supports qui rendent ce TPE possible et motivant pour des élèves.   

Comment ?

A partir d'un exemple : la Cité industrielle de Tony Garnier, parmi d'autres possibles : le Familistère de Guise, la cité jardin de Howard, la Ville Radieuse de Le Corbusier ou encore Metropolis de Fritz LANG.
La diversité des supports, la clarté du projet, les réalisations encore existantes expliquent ce choix.

Tony Garnier

Né à Lyon en 1869 dans le quartier de La Croix-Rousse  son père est dessinateur en fabrique et sa mère tisseuse, il suit l'école des Beaux-Arts de Lyon puis celle de Paris. Après six tentatives, il obtient le Prix de Rome et part quatre années à la villa Médicis.
En dépit du règlement qui impose des relevés archéologiques, il travaille au projet d'une ville contemporaine.
Son premier envoi en 1901 qui propose un plan de cité industrielle fait scandale auprès du jury. En 1904, il complète cet envoi par des planches illustrées. Le tout sera publié en 1917 accompagné d'un texte introductif.
Dès 1905, E. HERRIOT, maire de Lyon le nomme architecte en chef de la ville ce qui lui permet de se confronter à la commande et de réaliser une série de grands travaux utilitaires.
A travers ces différentes réalisations, il tente de mettre en application certains principes de sa Cité industrielle. Il meurt en 1948 après avoir mené une carrière essentiellement lyonnaise.

  I. UN PROJET UTOPIQUE :

Ce projet dénommé Une Cité industrielle est considéré comme le premier manifeste de l'urbanisme du 20ème siècle en France. L'acte de naissance du mot urbanisme est daté de  1867 et revient à l'architecte espagnol Cerda. La France affiche à l'époque un retard considérable dans la rédaction d'ouvrages théoriques sur cette "science nouvelle" de l'aménagement des villes.

L'ouvrage est composé d'une introduction théorique et d'une imposante série de planches illustrées : il livre un modèle urbain  dans la tradition utopiste fondé sur des valeurs d'hygiène et d'efficacité sociale, intégrant l'activité industrielle dans la ville car écrit Tony Garnier : c’est à des raisons industrielles que la plupart des villes neuves que l’on fondera désormais, vaudront leur fondation.
A la même époque d'autres comme Howard et Morris pensent au contraire qu'il faut diluer l'industrie dans la campagne.
(origine des diapositives : le musée des Beaux-Arts de Lyon, le musée urbain Tony Garnier)

Diapo n°1 : Plan général [1]
On aperçoit ici le plan général de la Cité
Quels sont les  principes nouveaux en matière d'urbanisme identifiables sur ce document  ?

1)       le projet est abordé à l'échelle de l'agglomération et pas seulement d'un quartier
2)     Tony Garnier détermine le site et ses accès : au confluent d'un fleuve et d'un torrent secondaire dominé par une haute terrasse ( s'identifiant à plusieurs sites du sud-est dont Saint Chamond ) Cette préoccupation inspirée des méthodes de la géographie humaine était jusqu'alors indifférente aux architectes.
3)      Il fait triompher le principe du zonage : à chaque quartier sa fonction en opposition avec le principe de mixité urbaine qui prévalait alors ; on distingue les quartiers d'habitation et les services, les usines métallurgiques et les services sanitaires. Le secteur industriel est dans la plaine, les quartiers d'habitation en hauteur sur la terrasse et les hôpitaux à l'écart, à flanc de colline. Le noyau ancien est préservé et relié à la ville nouvelle par le chemin de fer.
4)      Habitat et circulation sont dissociés : un piéton  peut traverser la ville sans suivre les rues car il n'y a ni mur ni clôture et que chaque parcellaire construit  est entouré d'un espace formant jardin public. 
5)      Tony Garnier mise sur une énergie nouvelle : en effet un barrage permet l’alimentation en électricité de l'ensemble de la ville et de l'usine et il imagine même un chauffage électrique collectif.
6)      Les espaces verts sont nombreux : en même temps qu’ils répondent à un souci d'hygiène, ils isolent les différents quartiers et permettent d’envisager leur extension.
7)      Des écoles primaires sont disséminées dans les quartiers d'habitation ainsi que des petits équipements préfigurant ce que l'on appellera plus tard les unités de voisinage. 
Voilà pour l'essentiel des principes d'urbanisme.
Ajoutons qu'on ne trouve dans cette ville ni prison, ni caserne, ni église mais une salle d'assemblées, des gymnases, des piscines et que Tony Garnier suppose déjà réalisés certains progrès d'ordre social entre autre la municipalisation du sol pour une société laïque et socialisée.

Les diapos suivantes vont illustrer le plan de détail et mettre en évidence des principes d'architecture.

Diapo n°2 : une cité industrielle, vue d'ensemble, les services publics,
Aquarelle, Musée des Beaux-Arts de Lyon, © studio Basset
[2]

Nous sommes ici au cœur de la cité, signalé par une tour d'horloge majestueuse, à 24 chiffres, pour signifier l'activité ininterrompue du service public ! On distingue 3 éléments essentiels :
- les services de la vie communautaire et la salle d'assemblées signalée par sa forme  aérodynamique
- le secteur sport et culture (stade et musées )
- Le secteur d'habitation organisé sur une trame orthogonale, vaste quartier découpé en îlots rectangulaires desservi par une voie axiale dont le profil envisage l'accueil des transports en commun (tramway, automobile).

Diapo n°3 : la salle d'assemblées [3]
Tony Garnier a le souci de rationaliser la construction et a recours aux nouveaux matériaux de l'époque : béton armé, métal et verre  pour les édifices importants et béton de gravier pour les édifices simples. Il en tire des effets puissants comme le montre le dessin de la salle d'assemblées en béton apparent avec ses énormes "pilotis" inventés par Tony Garnier et son architrave qui reproduit des extraits d'un roman de Zola ,Travail , auquel il emprunte plusieurs de ses principes directeurs.
Il profite pleinement des possibilités de ces nouveaux matériaux pour élaborer une œuvre rompant radicalement avec l'architecture de l'époque : la nudité et la  volumétrie annoncent les avant-gardes d'après - guerre.

Diapo n°4 : Musée urbain Tony Garnier "Habitations" Peinture murale N°8 dans le parcours - Lyon 8ème © CITE DE LA CRÉATION [4]
(cliquer sur la photo pour l'agrandir)


On est en effet frappé par les formes simples et rudimentaires de cette habitation individuelle, l'esthétique dépouillée sans modénature (ex pas de corniche) ni décor où le végétal joue le rôle d'ornement
la maison individuelle a un seul niveau, le toit terrasse est systématique
les chambres sont orientées de telle façon qu'elles bénéficient de l'ensoleillement maximum
il n'y a ni mur, ni clôture et la rue formant couloir est abolie
dans le cas de l'habitat collectif, la hauteur des constructions est limitée à trois  niveaux maximum.

Diapo n°5 : Une cité industrielle, usine métallurgique, vue des hauts fourneaux, aquarelle, Musée des Beaux-arts de Lyon, © Studio Basset [5]

Ce dernier dessin nous renvoie au titre du projet : Tony Garnier a construit sa ville autour des usines. Les hauts-fourneaux de la zone industrielle permettent de mesurer les talents de dessinateur de Tony Garnier et d'appréhender son côté visionnaire. Ils apparaissent comme les substituts des palais et des temples qui n’existent plus dans la ville nouvelle et évoquent pour les élèves le monde futuriste de la bande dessinée. Il s'agit bien d'un hymne à la société industrielle au moment où celle-ci s'empare du monde pour le soumettre à sa loi. 
Il est certain que le système de représentation  utilisé par Tony Garnier n'est pas étranger à son influence sur les avant-gardes des années 20. Le Corbusier par exemple viendra le voir en 1907 et lui rendra hommage dans ses écrits.

Pour résumer, nous sommes en face de :
-l'œuvre d'un utopiste qui s'inspire de Fourier et de Zola : dans cette ville de 35000h "imagination sans réalité " destinée à satisfaire au mieux "les besoins matériels et moraux de l'individu ", il s'agit bien de faire le bonheur collectif de l’homme par la maîtrise de la ville industrielle et d'ériger le travail en valeur universelle
-l'œuvre d'un humaniste car tout reste à l'échelle humaine : de l'habitat individuel à la présence de nombreux personnages qui ponctuent l'ensemble des dessins en passant par l'importance donnée aux édifices collectifs destinés à être des lieux de réunion
- l'œuvre d’un rationaliste en raison de la cohérence du projet : Tony Garnier conçoit la ville comme le produit des impératifs du site et de la fonction et intègre une architecture originale au programme urbanistique. Sa conception  manifeste en ce début de 20ème siècle une rupture complète avec les fonctions traditionnelles de l'architecte et ouvre la voie à un urbanisme qui aboutira au Plan d'une ville contemporaine de trois millions d'habitants de Le Corbusier.

Après cette présentation rapide et nécessairement incomplète, on peut envisager une utilisation pédagogique
Pour cette 1ère partie d'analyse, où l'objectif est de leur faire découvrir les principes d'urbanisme et d'architecture du projet ainsi que sa dimension utopique les élèves peuvent utiliser
·         le texte d'introduction de Tony Garnier qui est court ( 6 pages ), lisible, avec des paragraphes sous-titrés,
·         Ainsi que les illustrations qui sont abondamment reproduites pour les plus significatives d'entre elles. La beauté des dessins de Tony Garnier, leur lisibilité,  l’extrême minutie des détails sont des éléments qui motivent les élèves et facilitent la compréhension.
Dans le cas des terminales et d'un cours, le texte a été donné aux élèves, complété par des  illustrations et accompagné d'un questionnaire ; dans l'hypothèse d'un TPE, les élèves vont devoir trouver ces supports et les mettre en relation.
La bibliographie et l'iconographie utiles aux élèves se trouvent au CDI du lycée du fait de la présence de l'option histoire des arts.
Reste le plus difficile pour eux : la trouver !

2° ce projet s'inscrit dans un contexte : celui la révolution industrielle ce qui correspond à un chapitre du programme d'histoire de 1ère, et justifie la présence du professeur d'histoire.
L'esprit des TPE est celui d'un ancrage disciplinaire : quelques mots-clés peuvent alors être cernés: afflux de population, misère urbaine, insalubrité, logement social, socialisme, Fourier ; ainsi que le contexte  particulier de la ville de Lyon :  filatures,  industries de la 2ème révolution industrielle ( les usines  Berliet, les Frères Lumière, l'aviation débutante, et l’industrie chimique naissante), Herriot modèle du grand maire et leader du radical - socialisme.

enfin en étudiant le projet Tony Garnier les élèves ne manqueront pas de trouver la référence à Zola, ce qui justifie  la présence du professeur de lettres ; en effet, Tony GARNIER, pénétré d'idéologie socialiste, admirateur de Zola, s'est inspiré d'un de ses romans intitulé Travail , publié en 1901 en feuilleton dans l'Aurore.  Ce roman  fait partie d'un ensemble appelé Les Quatre  Évangiles. Il est placé sous l’invocation directe de Fourier, dont certaines formules sont reprises à la lettre. Dans ce livre, deux mondes se font face : le héros, Luc, consacre son existence à construire une Cité de vérité, de justice et de bonheur nommée la Crècherie en opposition avec un faubourg ouvrier ancien ,  véritable cloaque  et une ancienne forge, l’Abîme où tout est fracas et rougeoiement .
Les indications spatiales peuvent être mises en rapport avec le projet de Tony Garnier : la situation géographique à flanc de montagne, la maison commune, les habitations, la blancheur de l’ensemble, le complexe industriel et ses hauts-fourneaux, le même recours à l'énergie électrique, l'absence d'édifice cultuel... 
Ce texte est actuellement  épuisé ce qui rend nécessaire un emprunt à la bibliothèque municipale mais cela aussi fait partie des TPE !

.  Dans le cas des élèves de Terminale, quelques extraits significatifs ont été choisis permettant de faire le lien avec le projet de Tony Garnier ; dans le cas du TPE, les élèves vont devoir faire la recherche  en survolant  le livre  et chercher quelques descriptions de la ville idéale décrite par Zola  : Puis, au centre, Luc avait fait élever la Maison- Commune, une vaste construction où se trouvaient les Ecoles, une Bibliothèque, une Salle de réunion et de fêtes, des Jeux, des Bains. C'était là simplement ce qu'il avait gardé du phalanstère de Fourier, laissant chacun bâtir à sa guise, sans forcer personne à l'alignement, n'éprouvant la nécessité de la communauté que pour certains services publics….

II. UTOPIE ET RÉALISATION

La deuxième partie va tenter de répondre à la problématique du départ  :
                  
Peut-on faire un lien entre ce projet et des réalisations ?
Tony Garnier, confronté à la commande dés 1905 à Lyon, va essayer d'appliquer certains des  principes énoncés précédemment dans la Cité industrielle : il réalise une série de Grands Travaux demandés par la municipalité : les abattoirs de La Mouche en partie détruits dont il ne reste que la grande Halle, le stade de Gerland, l'hôpital de Grange Blanche, aujourd'hui E. Herriot et le quartier des États-Unis.
C'est ce dernier exemple qui est ici retenu et semble intéressant pour trois  raisons :

1) le quartier des ÉTATS-UNIS est la seule réalisation à l'échelle urbaine de Tony Garnier
de quoi s'agit-il ? d'un quartier HBM (habitation à bon marché) décidé en 1919 et terminé en 1933. E. Herriot confie à Tony Garnier la réalisation d'un des plus grands ensembles d'habitat collectif construit en France pendant l'entre-deux-guerres. 
Contraint par des impératifs économiques, Tony Garnier a dû modifier son projet initial qui s'inspirait des principes de la Cité industrielle : il est passé d'un quartier industriel à un quartier d'habitation; les immeubles collectifs sont passés de 3 à 5 étages, les ascenseurs projetés n'ont pas été réalisés, les équipements sociaux ont été supprimés  (le gymnase, la bibliothèque, la garderie d'enfants) et les zones de verdure ont été réduites ……

Néanmoins 1600 logements ont été réalisés et ce quartier existe !

2) il présente aujourd'hui un intérêt tout particulier car il est le théâtre d'une expérience exceptionnelle de requalification d'un quartier par la culture.
En 1988, lors de la réhabilitation du quartier par l'Office HLM de Lyon, un comité de locataires souhaite que l'isolation thermique des murs pignons de leurs bâtiments devienne le support de fresques. Les artistes de la Cité de la création proposent alors de reproduire sur les immeubles l'œuvre du célèbre architecte lyonnais.
          
Résultats :
- Une utopie urbaine, celle de Tony Garnier se "trouve mise en scène" et proposée à la connaissance du grand public : c'est à la fois une mémoire et un hommage. 
- et surtout à  l'initiative  de ses habitants, une autre utopie est devenue réalité : en 10 ans, une  cité HLM, chargée d'une image négative est devenue un
musée urbain et un lieu touristique 
Seize fresques murales ont été réalisées par des artistes lyonnais sur les pignons aveugles des immeubles : une dizaine représentent des extraits agrandis des planches de Tony Garnier, quatre autres ses réalisations lyonnaises.

Diapo n°6 : Musée urbain Tony Garnier "Station" (perspective) Peinture murale N°8 dans le parcours - Lyon 8ème © CITE DE LA CRÉATION [6] 
(cliquer sur la photo pour l'agrandir)


En même temps que la gare représentée sur le pignon aveugle, on aperçoit les façades des immeubles et deux habitants qui semblent s'intégrer à la fresque !  sur la partie haute, est visible le plan du quartier et sur la partie basse une tour qui n'est pas sans rappeler la Tour Eiffel que Tony Garnier admirait : le hall vitré, la légèreté du passage couvert et le design des véhicules (4x4 !), autant d'éléments novateurs introduits par l'architecte.   

Cette initiative, saluée officiellement par l'Unesco en 1991, a permis de redécouvrir la modernité  d'un architecte un peu oublié et surtout a contribué à  modifier l'image et la notoriété d'un quartier !  Ce dernier aspect permet de faire le lien avec les problèmes actuels de la ville et rejoint le programme de géographie de 1ère .

 3)      De plus dans le cadre d'un TPE, cela permet d'envisager un autre type de sources et de contact : site Internet, contact téléphonique avec le comité des locataires, travail sur des articles de presse (il y en a plus de 600) et enfin visite in situ qui mérite le détour avec des élèves : à la visite du musée en plein air s'ajoute celle d'un appartement des années 30; on découvre aussi que les six derniers murs ont été confiés à des artistes étrangers venus de différents continents : à charge pour eux d'y mettre leur vision de la cité idéale.
On peut imaginer que des élèves dans le cadre de la production qu'ils doivent fournir en fin d'année seront tentés aussi par une création personnelle !  
Pour les élèves de l'option "histoire des arts", ce travail pourra faire l'objet d'une présentation personnalisée lors de l'oral du bac.

Conclusion:

Les utopies urbaines ne sont pas seulement des jeux de l'esprit : leur application radicale a parfois abouti à des désastres mais les images qu'elles ont mises en circulation ont pu être aussi moteurs de progrès.
Dans le cadre de notre enseignement, les utopies urbaines ne peuvent être  étudiées simplement pour elles-mêmes : elles doivent surtout permettre à nos élèves de lire la ville d'aujourd'hui et de rêver la ville de demain car il n'y a pas d'avenir sans mémoire.
Ce peut être une modeste contribution à un enjeu politique : donner du sens à la ville pour former le citoyen de demain.

Véronique de Montchalin, professeur d'histoire - géographie et professeur en histoire des arts au lycée Fulbert à Chartres, formateur IUFM Académie d'Orléans - Tours, secrétaire régionale de l'Aphg .

[1]  cf. p134- 135 l'architecture moderne en France, tome 1 sous la direction de  G Monnier Picard 1997   
[2]  Aquarelle, 1917, musée des beaux -arts de Lyon, pl. 4,Tony Garnier
[3]  cf. Histoire de la France urbaine, tome 4, p 243  
[4] Tel 04 78 50 44 57 cc@cite-creation, www.cite-creation.fr, photographe : Claude Fezoui
[5]  Aquarelle, 1917, Musée des beaux-arts de Lyon, pl. 164, Tony Garnier
[6] Tél: 04 78 50 44 57  cc@cite-creation, www.cite-creation.fr, photographe : Claude Fezoui 

                                                    Bibliographie indicative
·     Choay F, L'urbanisme , utopies et réalités , Une anthologie , Seuil, 1965
·     Duby , Histoire de la France urbaine , la ville de l'âge industriel ( tome 4 ) Seuil, 1983  
·     Fishman R, l'utopie urbaine au X X è s, Mardaga, 1977
·     Institut Nicolas Ledoux, A la recherche de la cité idéale, 2000
·     Leniaud JM, Les bâtisseurs d'avenir, Fayard, 1998 
·     Loyer, Histoire de l'architecture française, de la Révolution à nos jours, Patrimoine, 1999
·     Magazine littéraire, n°38, La renaissance de l'utopie, 2000
·     Moncan ( de ) P, Villes rêvées , Ed du Mécène , 1998
·     Monnier G, l'architecture moderne en France, tome 1, 1889-1940, Picard, 1997
·     Musée urbain Tony Garnier, ELAH, 1999
·     Pawlowski Ch, Tony Garnier pionnier de l'urbanisme du XX è s, Lyon, Pelican, 1993 (épuisé)
·     Piessat L, Tony Garnier, PUF de Lyon, 1988
·     Sargent et Schaer R (dir) Utopie, la quête de la société idéale en Occident B N, Fayard, 2000
·     TDC, l'architecture au 19ème n°373, l'architecture n°773, les métamorphoses de la ville n°774, CNDP
·     Tony Garnier, l'Oeuvre complète, Centre Pompidou, 1989
·     Zola E, Les quatre Évangiles, Travail, L'Harmattan, 1994 (épuisé)
      Musée urbain TONY GARNIER, 4 rue des Serpollières, LYON  69008 tél : 04 78 7516 75

 Liens vers les comptes-rendus disponibles, année 2000

Enseigner les utopies urbaines des XIXè et XXè siècles
L'idée d'Europe au XIXème siècle ou comment une utopie devient réalité
Utopie éducative, utopie pédagogique  par Ghislaine Desbuissons
Utopie éducative, utopie pédagogique  par Jean Sérandour
Qu'est-ce qu'un lieu de citoyenneté?
Enseigner la vérité historique, une utopie? par Ghislaine Desbuissons
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par Christine COLARUOTOLO
L'ouverture des archives soviétiques par Françoise FERNANDEZ
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De l'histoire de l'Europe à une citoyenneté européenne
La persécution des Juifs entre 1939 et 1944 en Loir-et-Cher
L’anthropologie historique du bonheur au temps des Lumières
Utopies et révolutions : des Lumières au XIXe siècle  
Réflexions et coups de cœur de Danielle Fauth
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