Comment
enseigner l'histoire de l'Europe ? |
Compte-rendu
réalisé par Daniel
DALET (journal La Durance)
Journal La Durance : http://ww2.ac-aix-marseille.fr/histgeo/Default.htm
Dominique
Borne fait le point sur quatre principes de base :
1. L'histoire de la construction européenne ne s'écrit pas en fonction d'un
destin inéluctable, Charlemagne n'est pas le précurseur de Schumann d'autant
que cette Europe n'as pas de limite géographique stable, il n'existe pas
d'espace géographique fixe.
En fonction des périodes, on assiste à une évolution des modèles ; exemple :
le XIXe siècle voit l'affirmation du modèle national. Aujourd'hui encore, les
pays ex-communistes d'Europe de l'Est se tournent avec délice vers leur
histoire nationale.
Ces histoires nationales constituent un modèle agressif, la manifestation
violente d'une identité, D. Borne conseille donc de ne pas utiliser ce modèle
pour une histoire de l'Europe car il est dangereux, il faut donc passer par une
relecture des histoires nationales, une approche comparative de ces histoires,
préalable à une histoire européenne.
2. Faire l'histoire de l'Europe, c'est voir le refoulé régional qui réapparaît,
on a donc un risque d'un dialogue exclusif entre l'Europe et la région qui
effacerait la nation. Il faut donc envisager cette histoire à toutes les échelles
:
- il existe de multiples appartenances ;
- il existe de multiples espaces-temps patrimoniaux.
Il y a donc nécessité d'un entrecroisement du régional, du national et de
l'européen par une multiplication des mémoires de référence, en évitant les
déterminismes européens.
3. Les histoires nationales se sont construites autour de repères forts,
monuments, personnages, textes qui sont autant de symboles collectifs forts.
Quels sont ces symboles pour l'Europe ?
Il existe des lieux de mémoire franco-allemands : Verdun, Reims mais ils ne
concernent pas toute l'Europe. Le problème est similaire pour Rome ou
Aix-la-Chapelle. Le Traité de Rome ne joue pas le rôle d'un texte fondateur.
Il y a une carence des hommes politiques européens car ils ne montrent pas un
projet clair, sans projet clair, les historiens ne peuvent pas définir des
origines claires : on sait d'où on vient si on sait où on va.
4. Quelques entrées possibles :
- Force de la relation entre les nations et l'empire : l'empire romain est un élément
fondateur, il aurait pu y avoir une forme impériale de la construction européenne
(IIIe Reich, Empire soviétique ...).
- Le réseau des élites européennes qui apparaît, par exemple, dans la
correspondance d'Erasme, chez les philosophes des Lumières, chez les peintres
du début du XXe siècle.
- Il existe une spécificité de l'urbanité européenne : la ville, la place,
...
- Un lieu de mémoire européen : Auschwitz, l'Europe n'est pas une longue
marche triomphale vers les Droits de l'Homme.
- L'Europe est un centre qui s'est perçu comme tel, et qui a rayonné comme
tel, mais qui ne peut plus rayonner comme tel.
- Comment définir l'Europe par rapport au reste du monde ? Par rapport à l'Amérique
: difficile ... plus facilement par rapport à l'Asie.
Daniel DALET