ÉDUCATION,
HISTOIRE ET IDENTITÉ DE L'EUROPE |
Compte-rendu
réalisé par Geneviève
MALGOIRE (journal
La Durance)
Journal La Durance :
http://ww2.ac-aix-marseille.fr/histgeo/Default.htm
Jacques Attali répond
en énumérant 3 mythes fondateurs de l’histoire de l’Europe que
les enfants peuvent apprendre :
-Les Européens se sont battus entre eux
-Les Européens ont eu des actions communes ( la découverte des continents)
-Les Européens ont construit des édifices de valeurs qui sont propres à
l’Europe (la DDH par exemple )
Mais ces mythes sont difficiles à
enseigner car ils représentent l’histoire des idées et les approches
sont differentes.
Le
débat s’est ensuite orienté vers la notion d’identité
européenne.
L’intervention
d’Oskar Lafontaine fut attentivement écoutée : l’identité ne
peut se faire que si elle est basée essentiellement sur la paix, elle ne
peut s’installer que par la soif et le désir de vivre ensemble dans une
société européenne qui aurait à la fois une culture commune (par
l’identité de l’Europe )et à la fois une culture différente( par
l’identité de chaque pays ). Il est essentiel et capital de pouvoir créer
cette identité elle sera le garant de la paix. Jacques Attali lui aussi
approuve cette définition et affirme que construire cette identité c’est
se mettre à la place de l’autre, le comprendre et l’accepter, c’est
bien que parce que cette identité n’existe pas que l’Europe s’est déchirée.
Anne Line
Roccati pose alors la question : comment
enseigner cette identité européenne ?
Selon
Madame Reding l’unicité d’un enseignement n’est pas nécessaire, en
effet pour l’enseignant il faut partir de la situation géographique dans
laquelle se trouve l’enfant, c’est à dire sa région puis aller ensuite
vers la nation puis vers l’Europe. Elle démontre que les régions
frontalières et les régions centrées au cœur d’un pays n’ont pas la
même vision de l’histoire.
Madame Roccatti demande alors aux intervenants s’il
n’est pas bon de faire rêver
les enfants sur l’Europe ?
Jack Lang bondit sur cette idée de rêve et la trouve très séduisante, les enfants peuvent en effet nous aider à la construction d’une histoire de l’Europe par leur vision et leur espérance. Il ajoute que l’Europe ne peut-être vivante que si elle est ressentie comme lieu de grande culture. et non plus seulement comme lieu de terribles affrontements. Enfin l’histoire racontée à nos enfants, pour relativiser les évènements, doit être comparée ( ainsi Marignan 1515 est célèbre en France alors qu’un enfant de Milan l’ignore. ) ce n’est que par ce biais que les hommes pourront se comprendre.
-Pour
terminer Anne Line Roccati interroge les participants sur
le poids de l’émergence des régions
dans l’enseignement d’une histoire de l’Europe, Et ce poids est-il
compatible avec une construction de
l’identité européenne ?
Madame Reding explique qu’un phénomène n’exclut pas l’autre ; ainsi au Luxembourg on vit ensemble en apprenant des langues et des cultures differentes, en apprenant l’originalité de l’autre on apprécie sa richesse.
Oskar
Lafontaine pense que l’échange et l’expérience quotidienne des peuples
doivent amener à l’identité commune.
Jack
Lang termine cette séance par une conclusion qui résume les idées exposées
mais aussi par des pistes de recherche pour l’avenir.
L’histoire
de l’Europe doit être beaucoup plus présente dans notre enseignement, il
faut cependant se garder de sombrer dans les clichés ou les idées toutes
faites, il faut oser regarder les choses en face et oser dire que
l’enseignement de l’histoire a connu des manipulations lors de la
construction des états nations et pour raconter l’histoire européenne il
faut en finir avec cet état d’esprit. Cette nouvelle histoire doit être
créative, vivante, ambitieuse, provocatrice elle doit introduire la
relativité et former les enfants à la comparaison.
Alors
comment enseigner cette histoire ?
trois
pistes de recherche sont proposées par le ministre susceptibles de
faire avancer les idées.
-Des
experts vont se charger de « fouiller » les livres
d’histoire en Europe
-Des
experts vont travailler sur une Histoire et plusieurs mémoires
-Des experts vont se pencher dans un premier temps sur un évènement commun
à plusieurs pays et y mettre differentes mémoires.
Voilà
des sentiers prometteurs et engageants !
Monsieur
le ministre demande à Jean Pierre Rioux de réfléchir aussi sur le rôle décisif
des nouvelles technologies ( qui peuvent remplacer les livres car dès
aujourd’hui un manuel commun semble prématuré ) et de constituer avec
les historiens européens un groupe de réflexion : quelle histoire ?
quel contenu ? quelle méthode ?
Les
principales conclusions de cette rencontre pourraient être présentées
pour adoption par la présidence française à l’ensemble des Ministres
européens de l’éducation qui se réuniront à Bruxelles le 9 novembre.
Geneviève MALGOIRE | écrire à l'auteur |