J.B. PISANO (maître de conférence en histoire moderne à l'Université de Nice) a présenté une conférence sur l’anthropologie historique du bonheur au temps des Lumières. |
Compte-rendu réalisé par par Michèle DESNOS
Au
XVIIIème siècle, au-delà de la géographie, dans un ailleurs
temporel, s’impose la théorie du Bonheur. L’abbé Raynal conçoit l’Homme
comme un être historique et une production de la nature, ainsi apparaît
l’anthropologie historique.
Si le monde sauvage offre le bonheur à l’homme naturel par opposition à
l’homme policé, les philosophes des Lumières soulignent la théorie de la
« Félicité publique » atteinte par les progrès humains. À
travers le mythe du bon sauvage s’affirment les idées d’égalité et de
liberté naturelles.
Le Bonheur à l’état sauvage coïncide avec un modèle de vertu. Ainsi les
Hottentots du Cap de Bonne Espérance vivent-ils dans une société fraternelle
et égalitaire, selon Peter Colbe (1741) et Raynal.
Discours utopique, dépourvu de fondement scientifique ou historique qui aboutit
à démontrer l’égalité naturelle et le Droit naturel, hors du pouvoir
d’un prince.
Le bonheur s’imposera donc par l’égalité en opposition à la société
d’ordre inégalitaire. Le philosophe définit le bonheur (cf. Diderot) comme
l’Humanité retrouvée grâce à la vie communautaire. Le Bonheur se situe
entre nature et sociabilité. Liberté et égalité sont conçues comme des
droits imprescriptibles, propres à l’état de nature.
Dans cette optique, l’utopie devient la métaphore de la société idéale qui
s’oppose au despotisme. Au XVIIIème siècle, l’Homme nouveau
reste à naître pour régénérer l’Europe par le monde naturel et l’homme
naturel.
Aux frontières de l’histoire et de l’utopie se situe par exemple le rêve
américain du XVIIIème siècle qui fonde une nouvelle historicité.