RENDEZ-VOUS DE L'HISTOIRE DE BLOIS
Vendredi 13 Octobre 2006

Conférence : La Révolution industrielle

Alain PLESSIS, professeur à l'Université Paris X Nanterre

(En lien avec l'IUFM de Blois, formation destinée aux PE2, dans le cadre des stages de formation académique)

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Compte-rendu établi par Françoise Beauger-Cornu,
Collège Maurice Genevoix, Romorantin

Mr Plessis annonce dans son introduction qu’il ne fera pas un cours mais qu’il donnera quelques pistes.

 

Il s’interroge d’abord sur la signification de l’expression " révolution industrielle ". Le mot de révolution est un terme mal choisi. Le premier emploi remonte à 1799 et naît d’une comparaison avec la révolution française. Ce mot en physique traduit un mouvement qui revient au point de départ. L’autre difficulté est le problème de la date : dater la révolution industrielle est impossible (pour l’Angleterre entre 1730 et 1780) car elle n’est pas brutale. C’est un processus qui s’inscrit sur plusieurs décennies.

On a essayé d’imposer en vain le mot " industrialisation " à la place de révolution industrielle. Mais cette dernière expression est privilégiée car elle indique un changement irréversible. Tout retour en arrière est irréversible et ce phénomène s’inscrit dans la profondeur.

 

Les conséquences sociales

Le débat est aujourd’hui dépassé sur les conséquences positives ou négatives de la révolution industrielle. Pour Marx et Engels c’est une catastrophe sociale.

Selon Bairoch, la révolution industrielle a permis à l’Europe d’échapper au piège malthusien.

Les phénomènes de pollution commencent seulement à être étudiés.

 

Pourquoi la révolution industrielle ?

- La mesure est le taux de croissance, PNB, par habitant. Le taux de croissance industriel progresse alors plus vite. On passe au machinisme et à la grande usine avec une nouvelle organisation du travail. On assiste aussi au développement de villes industrielles (Manchester).

La révolution industrielle anglaise est centrée sur le textile, la houille.

En France, les productions ne sont pas les mêmes ; Lyon : soieries et produits chimiques ; à Roubaix, la laine.

Avec les usines, on entre à l’heure mais on assiste aussi au développement du paternalisme.

- Origines

Le phénomène échappe à l’explication monocausale.

1ère explication : Marx et Engels : la révolution industrielle est née de la violence : de l’expropriation des paysans anglais victimes des enclosures – de l’exploitation des colonies anglaises desquelles on dégage des capitaux pour financer les manufactures et les machines. En fait, la révolution industrielle ne s’est pas développée dans la région des enclosures. Quant aux capitaux originaires des colonies, ils sont très faibles.

2ème explication : Rostow

La révolution industrielle est liée à l’apparition d’une élite nouvelle puritaine. Problème : c’est plutôt le produit de la révolution industrielle.

3ème explication : Bairoch

La révolution industrielle serait la conséquence de la révolution agricole. Comme la consommation des paysans est plus importante, on commence selon lui par moderniser l’agriculture.

Aujourd’hui, on donne de multiples explications :

L’Angleterre fait appel à de nouveaux procédés en raison de pénuries : manque de main d’œuvre, manque de bois (cf charbon de bois pour fonte)…

L’Angleterre a une classe moyenne disposée à innover. Pour les chefs d’entreprise, développer l’industrie c’est œuvrer pour l’amélioration de la population.

Les conditions politiques sont favorables : l’industrie est peu réglementée, les institutions sont favorables au droit de propriété (pas de corporation comme en France), l’accès au statut d’entrepreneur est libre. En France, les règles sont défavorables aux nouvelles productions (mercantilisme).

Les capitaux viennent de diverses sources : l’agriculture (terres de grands propriétaires), du commerce colonial, des banques, de l’autofinancement de l’industrie (car éthique protestante).

En ce qui concerne les progrès techniques, A. Plessis reprend l’expression de F. Caron  " grappes d’innovation ". Par exemple, le développement de la locomotive va entraîner celui du rail, de la signalisation…

Pour la première révolution industrielle, l’ensemble des facteurs se situent du côté de l’offre (hommes- machines- capitaux). La production augmente, le prix de revient baisse de qui donne des débouchés plus importants.

Le dynamisme de la demande a été un profond stimulant : bière, vêtements de coton…Des consommations nouvelles se développent.

La classe moyenne est consommatrice de produits qu’on achète plusieurs fois durant sa vie (services à thé…). Le rôle des femmes et des classes moyennes est à souligner dans l’augmentation de la consommation.

La croissance du marché intérieur s’accompagne de celle du marché extérieur : ex clous pour les USA.

Dans les villes en Angleterre, on consomme davantage : vaisselle, indiennes…

En fait la révolution industrielle est née de la conjonction offre/demande.

 

Cela n’allait pas de soi car les Anglais interdisaient le transfert des technologies en Europe. Mais ce blocus de l’exportation n’a pas bien fonctionné. Les transferts de technologie se sont effectués.

Il y a plusieurs façons de s’adapter sur le continent : on développe des productions non anglaises (soieries à Lyon) ou on imite les productions anglaises (indiennes à Rouen).

En France, on développe d’abord des industries de luxe de 1820 jusqu’à la fin du second Empire.

Dans d’autres pays, le transfert est plus tardif et certaines banques ont dû financer le retard (Prusse).

 

La révolution industrielle relève à la fois de l’histoire économique et de l’histoire sociale. Il est aussi très important de comparer Etat /Région/Ville.

Il n’y a pas une révolution industrielle mais plusieurs. Nous sommes aujourd’hui dans la troisième (cf Daniel Cohen)

Compte-rendu établi par Françoise Beauger-Cornu,
Collège Maurice Genevoix, Romorantin

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