RENDEZ-VOUS DE L'HISTOIRE DE BLOIS
Samedi 15 Octobre 2005

1905-2005 : notre laïcité à l’épreuve du siècle

Débat sous le parrainage du Comité d’Histoire Parlementaire et Politique et de Vingtième siècle. Revue d’Histoire, et avec le soutien de MAIF, MGEN et CASDEN

Animé par Jean Garrigues, avec François Bayrou, Jean-François Chanet, Denis Pelletier, Philippe Portier, Jean-Pierre Rioux et Bernard Stasi.

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Compte-rendu établi par Françoise Beauger-Cornu,
Collège Maurice Genevoix, Romorantin

La loi de 1905 est le point de départ de la réflexion.

J-F. Chanet dit qu’il faut replacer la loi dans son contexte. Elle est le résultat d’un concours de circonstance. Sur le moment, elle peut apparaître aussi bien comme la loi du talion (cf affaire Dreyfus) que comme une loi d’apaisement.

L’article 4 a été décisif. Ce qui est important dans la loi c’est l’organisation de la liberté qui est sous contrôle. Le terme de laïcité ne figure d’ailleurs pas dans le texte.

 

Quelle est la pertinence de la loi de 1905 au XXe siècle ? Comment la laïcité s’est-elle adaptée à la société du XXe siècle et à la sécularisation ?

 

Selon D. Pelletier, la sécularisation est un phénomène de longue durée. La politique, l’éducation… prennent leur autonomie.

La mise en place de la laïcité s’inscrit dans un moment de l’histoire longue de la sécularisation. Pendant longtemps la sécularisation et la laïcité vont de pair. Ce lien étroit n’a plus l’évidence qu’il avait autrefois. Les enjeux de la sécularisation aujourd’hui :

 

F. Bayrou se présente comme un chrétien pratiquant, défenseur de la laïcité. Selon lui, la laïcité ne s’adresse pas seulement aux rapports entre religion et espace public. La démocratie est l’établissement de l’autonomie des différents espaces dans lesquels nous vivons. La laïcité est faite de l’autonomie d’ordres différents, religieux et politique, qui permet de créer d’autres autonomies. Par conséquent, la laïcité n’est pas un aspect de la démocratie, mais le centre même.

F. Bayrou revient ensuite sur la loi sur les signes ostentatoires à l’école. Il s’est abstenu car selon lui, ce n’est pas une affaire de loi. Ce n’est pas tant une affaire religieuse que le problème du statut de la femme.

Il distingue ensuite l’Islam de France de l’Islam en France. Selon lui, un pays démocratique ne peut pas se permettre d’organiser la religion.

La loi de 1905 donne à l’engagement religieux une authenticité. La religion quitte l’ordre de la charge sociale pour entrer dans la dimension de l’engagement personnel.

 

B. Stasi se définit comme chrétien, très attaché à la laïcité. Il dit qu’il a toujours eu le souci de séparer l’action politique des propos religieux. C’est ainsi qu’il n’a pas voulu d’un parti démocrate chrétien.

Il évoque ensuite la " commission Stasi " qui était au départ hostile à toute loi. Mais, après toutes les auditions, la loi s’est imposée à elle. Ce n’est pas seulement une loi sur le voile ; elle condamne tous les signes ostentatoires à l’école. Dans la grande majorité des cas, les jeunes filles sont obligées de porter le voile.

La loi a été votée par le Parlement. Elle est aujourd’hui appliquée dans la sérénité. Elle ne règle pas les problèmes avec l’Islam mais il ne faut pas en faire le bouc émissaire.

B. Stasi rappelle que la commission a aussi proposé d’enseigner le fait religieux et une charte de laïcité.

Le combat mené n’est pas un combat contre les religions mais mené dans un esprit de consensus avec le pays.

 

P. Portier est ensuite interrogé sur " l’exception française ". Il évoque l’ouvrage En Europe, nous sommes tous des laïques. Trois grandes idées sont reconnues en Europe :

- l’homme est de lui-même son propre maître

- l’Etat doit désormais se déployer dans le domaine de l’immanence

- l’Eglise est une institution sectorielle qui produit une opinion.

Quelle place accorder aux institutions confessionnelles ? On peut distinguer deux grands modèles d’articulation religion / Etat :

Le tableau mérite aujourd’hui d’être plus nuancé. Il y a une nouvelle figure de la laïcité européenne : déconfessionnalisation dans les zones non catholiques et dans les autres pays, la séparation n’est plus aussi forte (les cultes sont de plus en plus associés à la décision publique).

On assiste à la mise en place d’un modèle européen de laïcisation avec :

Compte-rendu établi par Françoise Beauger-Cornu,
Collège Maurice Genevoix, Romorantin

Voir la vidéo de cette conférence sur Canal U
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