RENDEZ-VOUS DE L'HISTOIRE DE BLOIS
Vendredi 14 Octobre 2005

Enseignement de l’histoire et apprentissage chronologique : comment reconstruire " l’intelligence du temps " ?

Débat proposé par les éditions du Seuil (autour de l’ouvrage 1515 et les grandes dates de l’histoire de France revisitées par les grands historiens d’aujourd’hui).

Animé par Brigitte Perucca et Nicolas Truong, avec Alain Corbin, Joëlle Dusseau, Marc Ferro, Pierre Nora et Antoine Prost.

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Compte-rendu établi par Françoise Beauger-Cornu,
Collège Maurice Genevoix, Romorantin

A. Corbin évoque le projet 1515 et les grandes dates de l’histoire de France revisitées par les grands historiens d’aujourd’hui et son aspect ludique. Il s’agissait de partir d’un manuel scolaire rédigé conformément aux programmes de 1923 et de déconstruire les dates qui étaient proposées. En même temps, pour lui, il s’agissait de lancer une procédure d’alarme : les étudiants ne connaissent plus les dates. Troisième objectif : la déconstruction du grand récit national. Que faut-il faire pour faire agir la mémoire des enfants ? Il faut construire le sens de la profondeur chronologique chez les enfants. Ce qui est important, c’est qu’il y ait un sens de la chronologie.

 

Selon P. Nora, l’entreprise d’A. Corbin est polémique. Le problème de la chronologie, c’est la partie émergée de l’iceberg. Le problème est : quelle histoire enseigner ? La chronologie c’est l’unité organique que la série de dates impose. Aujourd’hui, on peut se poser la question : quelle litanie de dates donner ? C’est le problème du sens.

Avec la télévision, les commémorations déchronologisent, détemporalisent. De quels moyens disposent les enseignants pour articuler l’histoire sur cet enseignement commémoratif ?

 

Pour M. Ferro, les dates ne sont que des signes pour relire l’ensemble de l’histoire. Selon lui, l’attaque sur les dates vient des pédagogues. On n’a jamais appris les dates par cœur.

 

Selon J. Dusseau, l’enseignement de l’histoire dans les années 20-40 s’appuyait sur une chronologie des événements de l’histoire de France et une nomenclature géographique. Les programmes scolaires duraient à cette époque ainsi que les manuels scolaires.

Mais il ne faut pas se réfugier derrière un passé mythifié.

 

P. Nora dit que l’enseignement porte maintenant un jugement moral et cette vision éthique et morale fait fi d’une profondeur chronologique qui permet de faire de l’histoire.

 

J. Dusseau évoque ensuite les différentes ruptures de l’enseignement de l’histoire :

- Dans les années 1960 avec les Annales, c’est l’histoire des civilisations

- 1977 : des histoires thématiques

- Après 1977, rupture de l’histoire nationale avec l’introduction d’une dimension européenne

- Toute l’histoire doit se faire en 4 ans au collège

- Le rapport à l’écrit

- L’autre dimension est le rapport au sens.

Aujourd’hui, se pose comme problème le rapport à l’image.

 

Selon A. Prost, il faut réfléchir sur le fonctionnement des dates dans l’enseignement. Les dates permettent de mettre une note. Il faut aussi s’interroger sur le sens de l’histoire. On n’enseigne pas l’histoire pour faire des historiens, autrefois, c’était pour faire des citoyens. Il faut construire l’histoire à partir des objectifs que l’on poursuit.

Trois objectifs sont à distinguer :

 

Selon M. Ferro, l’histoire de France a toujours été transnationale mais on parlait de pays pour autant qu’ils avaient des rapports avec la France.

Compte-rendu établi par Françoise Beauger-Cornu,
Collège Maurice Genevoix, Romorantin

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