RENDEZ-VOUS DE L'HISTOIRE
/ BLOIS L’Europe, jusqu’où ? Débat d’actualité animé par Pascal Arnaud et Jean-Pierre Rioux, avec Roselyne Bachelot, Baudouin Ballaert, Jean-Noël Jeanneney et Hervé Le Bras. |
Compte-rendu établi par Françoise
Beauger-Cornu,
Collège Maurice Genevoix, Romorantin
P. Arnaud rappelle de contexte de ce débat : 2004 est l’année européenne avec l’extension en mai, le renouvellement du Parlement élargi (avec un faible taux de participation 45% pour l’ensemble de l’Europe et 26% pour les nouveaux arrivants), la question de la Turquie…
H. Le Bras évoque les limites
historiques de l’Europe. C’est aujourd’hui la partie de l’Europe qui n’est
pas orthodoxe (exception faite de la Grèce). On pourrait penser que l’on a
atteint cette vieille limite. On pourrait penser que l’Europe s’est
immobilisée. A son avis, c’est une profonde erreur sur la notion de
frontière culturelle et sur ce qu’est l’Europe. Au contraire, l’idée d’Europe
est une idée de mouvement, c’est une direction de progression. Si l’on
compare les USA à l’Europe, la fécondité est plus faible en Europe (1,5
pour 2,1 aux USA), les migrations sont plus faibles en Europe qu’aux USA…
Mais ce sont deux dynamiques différentes : les USA se développent sur
leur territoire alors que l’Europe reçoit sa dynamique de la construction
européenne.
L’Europe est amenée à progresser à continuer à progresser
mais dans quelle direction ? Soit à l’Est, soit au Sud. Le Sud est
désireux d’intégrer l’Europe. Les pays du Sud et de l’Est de la
Méditerranée sont des pays d’immigration et ce sont des pays désireux de
participer à l’Europe.
La France est aujourd’hui dans une position un peu étrange,
repliée sur elle-même.
J.P. Rioux relance le débat en interrogeant sur " jusqu’où l’Europe ? " en abordant les notions d’élargissement et d’approfondissement.
R. Bachelot évoque le choix du qualitatif.
Selon elle, nous avons conceptualisé l’idée d’Europe. Depuis les années
50, l’Europe a été construite par de grands bourgeois visionnaires. Au bout
d’un demi siècle, on convie les peuples.
Si nous n’arrivons pas à faire cette démocratie, à la fin il y a aura rejet de l’Europe. On ne peut donc pas intégrer la Turquie.
B. Bollaert : Depuis le lancement du
Marché Commun, on a connu deux référendums : le premier sur l’adhésion
de la GB, le second sur le traité de Maastricht. Le oui l’a emporté. Mais c’est
seulement par deux fois que les Français ont été appelés à se déterminer.
Ce n’est pas beaucoup.
J. P. Rioux : Quelle est la part de l’angoisse sociale ? Les délocalisations ? Le chômage ?
H. Le Bras revient sur le désamour en
disant que selon lui, les Français ont l’impression que l’Europe leur
échappe un peu. Ils pensent qu’ils ne vont plus beaucoup compter.
R. Bachelot : Pourquoi le débat surgit-il en France de cette façon ? On a la conviction que le pouvoir politique peut avoir les rênes du pouvoir économique. Le débat sur les délocalisations n’a pas le même retentissement en France qu’ailleurs. A travers l’Europe, nous sommes en face de nos contradictions. On est dans le cadre d’états nations et avant d’aller vers les autres, nous devons résoudre nos contradictions internes.
B. Bollaert : La France cultive un complexe d’infériorité après avoir cultivé le complexe de supériorité. Les craintes de la France devant l’élargissement sont dues à la baisse de l’influence de la langue française notamment lors du passage de 12 à 15. Dans la plupart des réunions aujourd’hui, tout se fait en anglais. Les Français ont donc une attitude défensive.
R. Bachelot souligne le sous investissement de la classe politique française dans les questions européennes ce qui n’est pas le cas de tous les pays.
Quelques questions du public :
- la laïcité en Europe ?
- la constitution européenne et les avancées démocratiques.
Compte-rendu établi
par Françoise Beauger-Cornu,
Collège Maurice Genevoix, Romorantin
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la vidéo de ce débat sur Canal U
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