RENDEZ-VOUS DE L'HISTOIRE
/ BLOIS Où va la démocratie américaine ? Débat d’actualité animé par Dominique Simonnet et Michel Winock, avec Nicole Bacharan, Denis Lacorne et Christine Ockrent. |
Compte-rendu établi par Françoise
Beauger-Cornu,
Collège Maurice Genevoix, Romorantin
M. Winock introduit le débat en évoquant notre hostilité croissante à l’endroit des USA. Nous sommes attentifs à tout ce qui s’y passe car nous pensons que nous dépendons des USA ; Quels sont les principes fondamentaux de la démocratie américaine ?
N. Bacharan rappelle deux éléments
importants. La république américaine est fondée sur deux attitudes en
apparence opposées : un grand optimisme et un pessimisme fondamental.
Selon D. Lacorne, les pères fondateurs ne sont pas pessimistes mais réalistes. Il évoque ensuite les grands électeurs. Ce mécanisme très compliqué de démocratie indirecte remonte au XVIIIe siècle car la hantise à cette époque est la démocratie directe incontrôlée. Malgré ses archaïsmes, ce système pratiquement intouchable continue à vivre. L’élu est celui qui la majorité des grands électeurs. C’est le paradoxe d’une élection nationale qui est en fait une élection locale.
C. Ockrent est interrogée sur les deux grands partis. Les deux grands
partis, républicain et démocrate, ne correspondent pas à nos notions de
gauche et de droite.
Le parti démocrate est un parti historiquement allié aux syndicats. Il est le
garant d’un pouvoir central.
Pour le parti républicain, le gouvernement central doit être minimum. Il est
contre les impôts, pour la peine de mort et le port d’armes, comme d’ailleurs
beaucoup de démocrates.
Bush s’appuie sur un électorat religieux.
N. Bacharan : On assiste aujourd’hui à
un vrai durcissement des partis. Ils ont perdu l’idée d’un compromis.
A partir de Reagan, le parti républicain est plus homogène. Mais les ultra
conservateurs ont pris une très grande importance.
Le parti démocrate est affaibli car il est très difficile de succéder à
Clinton qui s’était situé au centre. Le parti démocrate est aujourd’hui
un peu décomposé.
D. Lacorne évoque la conquête du Sud par les républicains : c’est Johnson qui a fait passer de grandes lois intérieures qui ont fait perdre le Sud aux démocrates.
C. Ockrent rappelle que le parti démocrate a perdu le Sud au moment où
les démocrates ont choisi l’émancipation des noirs.
Bush enracine le parti républicain au Texas. Il n’est pas prisonnier de l’électorat
religieux, il en fait partie, il parle la même langue. Bush fait partie de ces
gens qui pensent que tout est écrit dans l’Ancien Testament.
Ce qui est nouveau dans le parti républicain, c’est l’alliance
quasi indéchiffrable pour nous entre l’équipe de Bush issue d’un Sud très
religieux et les intellectuels qui sont passés de l’extrême gauche à la
droite par rejet du communisme. Cette rencontre entre la droite religieuse et
les intellectuels est très puissante.
D. Lacorne est interrogé sur les
déterminants du vote religieux aux USA. Selon lui, Dieu est partout aux USA et
nulle part. Rien n’oblige les présidents à jurer sur la Bible et pourtant
ils le font. La constitution des USA ne fait aucune référence à Dieu ou à l’être
suprême.
C’est au XIXe siècle que l’on invente une nation protestante. L’évangélisme
devient dans le protestantisme la mouvance dominante. L’histoire de la
conversion de Bush est surprenante car il s’est inventé une conversion.
C. Ockrent signale que le clergé catholique est hostile à Kerry. La carte religieuse est néanmoins très compliquée : le vote juif est traditionnellement démocrate mais l’alliance chrétienne sioniste est forte avec les républicains.
Sur l’enjeu de l’élection, N. Bacharan
indique qu’il est peu probable que le Sénat soit reconquis par les
démocrates. Si Kerry est élu, il y aura négociation permanente entre les
Représentants et le Sénat car le Congrès ne sera pas démocrate.
En cas de réélection, le second mandat Bush risque d’être
difficile : la coalition républicaine est très hétéroclite et le milieu
des affaires ne soutiendra pas indéfiniment la dilapidation du budget.
Selon D. Lacorne, le moment décisif a été le premier débat. Kerry en perte de vitesse s’est montré en position de véritable adversaire. Deux pédagogies s’opposent : du côté républicain, c’est la peur et la terreur (le thermomètre de l’alerte rouge, orange…). La pédagogie de Kerry est plus critique.
C. Ockrent : quelle motivation va l’emporter ?
- la peur du terrorisme ?
- la critique de l’après-guerre en Irak ? La guerre en Irak préoccupe
les Américains car pour eux, c’est un problème de politique
intérieure.
- les délocalisations ?
- l’avortement ?
- la prière obligatoire ?
La grande inconnue est le vote des jeunes nouvellement inscrits.
Questions du public :
Compte-rendu établi par Françoise
Beauger-Cornu,
Collège Maurice Genevoix, Romorantin
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