Conférence : les Etats Unis sont-ils impérialistes ?

Intervenants :
Pierre Asmer : directeur de recherche au CERI
Alain Slama : le Figaro
Nicole Bacharan : historienne, politologue
Patrick Sabatier : Libération

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Compte-rendu réalisé par Eric MAGNE. 

Bacharan : Le projet des immigrants vers l’Amérique est de quitter un monde qui va mal pour aller construire un monde meilleur, un nouveau monde. Il n’y pas là de vocation impérialiste cpt leur déclaration d’indépendance s’adresse au monde entier. Elle se veut un modèle universel à exportable ?

Slama : Ambivalence : volonté d’une cité idéale à vocation universelle par étape : le territoire national ( la frontière) puis le continent (Monroe) puis le monde (« big stick »). Cpt, le modèle n’a pas le caractère universaliste du modèle français. Pour les Américains, pas de volonté d’une promotion territoriale de leur modèle à cf la position anti-coloniale. L’impérialisme à l’américaine n’est pas le colonialisme à la française.

Asmer : Les Eu ont du mal à se voir comme un Etat banal. On parle d’exceptionnalisme. 2 idéaux :

-          terre promise = isolationnisme

-          croisade = interventionnisme

Le 2ème peut succéder au premier à 1898, Philippines.

Bacharan : Difficulté des Américains à se concevoir comme un Etat impérial. Pas de volonté d’administrer à l’étranger, les Am veulent vivre aux EU. Ils préfèrent se voir en libérateur qu’en dominateur. Pas de vocation à rester. Ambivalence entre intervention défensive et offensive.

Sabatier : Ce n’est pas un impérialisme colonisateur (du fait des spécificités de leur propre territoire qui ne l’imposent pas). Volonté de préserver des valeurs soit par multilatéralisme soit par la puissance militaire. Il y a continuité et non rupture dans leur politique.

Slama : La politique du containment est un symbole : contenir = isolationnisme et faire reculer = interventionnisme.

Asmer : depuis la fin de la guerre froide, il y a une multiplication des possibles et enjeux. La tradition américaine c’est l’unilatéralisme.

Bacharan : GW Bush est symptomatique. Au XXème, l’isolationnisme est devenu un mythe, une nostalgie mais pas une option surtout depuis la 2ème guerre mondiale.

Sabatier : T. Roosevelt (modèle de GW Bush) dès 1910 s’imaginait les EU comme une puissance autour de laquelle le monde devrait s’organiser.

Le 11 sept arrive dans un vide idéologique (il n’y a jamais eu d’attaque sur le territoire national) à nouvelle conception : la démocratie des EU ne peut plus être tranquille sans assurer l’exportation de son modèle dans le monde (intervention en Irak au nom de la démocratie).

Asmer : les Eu sont « supérieurs, vulnérables et innocents ». Pour les EU, l’intervention en Irak n’est pas de l’impérialisme (croisade) mais une réaction de défense de la « terre promise ».

Slama : changement récent : durant la guerre froide, les EU cherchaient des alliés. Aujourd’hui, guerre préventive, unilatéralisme à options qui montrent leurs limites avec l’enlisement en Irak et laissent envisager un retour au multilatéralisme.

Bacharan : Des illusions : 1) Il n’y avait pas d’ordre international déjà avant le 11 sept, 2) les Eu ne sont pas si puissants (leur armée ne pourrait pas se déployer sur un nouveau théâtre actuellement) 3) on ne gouverne pas contre le monde, les Eu doivent convaincre du bien fondé de leurs interventions.

Asmer : L’ « Etat de grâce » ( de la prise de Kaboul à la chute de Bagdad) est terminé. Un empire au sens classique est impensable dans le contexte actuel (réseaux terroristes n’est pas un Etat).

QUESTIONS :

B. Vincent (université d’Orléans) : Quelle est la part de l’économie dans la politique étrangère des EU ?

Bacharan : aucun pays développé n’est indifférent à la question économique et notamment le pétrole qui est bien sûr une des dimensions à prendre en compte.

Asmer : Le Vietnam, la Somalie, la lutte hier contre le nazisme, le communisme et maintenant contre le terrorisme n’ont pas été motivé prioritairement par l’économie.

Sabatier : dimension religieuse et morale permanente dans les interventions et perceptible dans le vocabulaire. : de « l’empire du mal » de Reagan à « l’axe du mal » de GW Bush

Autres questions souvent très polémiques non prises en compte.

Compte-rendu réalisé par Eric MAGNE.

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