Utiliser le roman historique en classe

Intervention de Dominique COMELLI

Voir d'autres
CR

( Prise de notes de M. MARC ) 

Remarque préalable : D. Comelli a essentiellement traité de la littérature de jeunesse, et non du roman historique en général. Il faut savoir que la définition de la littérature de jeunesse est strictement éditoriale ( cf. la commission de la loi de 1949), et ne repose donc pas sur des critères littéraires.

Comment travaillent les écrivains « de jeunesse » ?

Les écrivains de jeunesse se documentent eux-mêmes… et parfois en rajoutent sur la documentation. Celle-ci peut être très vulgarisée. Il y a donc transmission d’un savoir admis par la société…mais pas forcément conforme aux savoirs savants  construction d’une vulgate. Bien sûr, tout cela pose problème au professeur d’ histoire-géographie. Or les livres de jeunesse ont une durée de vie très longue : ainsi « L’affaire Caïus » a 80 ans !

Que pouvons-nous trouver, nous enseignants, dans un roman historique pour jeunes ?

Un récit avec un héros.

Le roman historique de jeunesse présente un enfant acteur de son destin (le héros est légèrement plus âgé que le lecteur : c’est une des conditions du succès du livre). Il y a donc là une idée de modèle. En même temps, le rôle de l’acteur renvoie à une histoire non déterministe.

Par rapport aux élèves, il convient d’être vigilant : l’acteur a-t-il agi de manière vraisemblable ? Certains romans comportent des invraisemblances.

Identification au héros : l’école met l’accent sur l’universel. Le subjectif est évacué. Or les enfants ont besoin d’apporter une subjectivité ce que permet le roman par le biais du héros.

Des pistes de travail :

·         Le roman historique de jeunesse comme auxiliaire du cours d’histoire.

On constate souvent une dichotomie dans l’utilisation du roman historique : le professeur d’histoire ignore la dimension « écriture », et le professeur de français ignore la dimension historique, réduisant celle-ci à un décor. Utiliser le roman historique en classe doit permettre de dépasser cette séparation, d’autant que le professeur d’histoire peut prendre complètement en charge ces deux aspects du roman.

·         Le travail sur le temps d’écriture de l’histoire.

En histoire, nous utilisons le présent ou le passé composé, et nous bannissons le futur historique. Le roman historique recourt au futur historique, et utilise l’imparfait ou le passé simple. Il convient de prendre en compte cette différence : il y a donc un travail sur le temps à mener en classe.

Les manuels actuels utilisent de plus en plus le présent, dans le cadre de textes plus courts qu’auparavant, mais aussi plus difficiles, car plus synthétiques et denses. (Différence avec les vieux manuels « Mallet et Isaac »). Les textes longs sont plus faciles à lire, car ils expliquent mieux et présentent des exemples.

·         Le travail passé / présent.

Pour les enfants, l’histoire racontée, c’est « du vrai ». Il ne perçoit pas nécessairement les anachronismes…qu’il faut éviter. Ainsi, le « je » n’existe pas dans l’Antiquité et n’apparaît qu’à la Renaissance.

On peut, dans le cadre de ce travail sur le passé, demander aux élèves de chercher comment avant on résolvait des questions qui restent actuelles.

·         Distinguer des textes différents.

Il peut être intéressant d’amener les élèves à distinguer un texte de fiction d’un texte d’époque ou d’un texte d’historien :

                       Le texte d’historien est accompagné de notes, de références, de renvoi aux sources… Cela amène à la question de la légitimité d’un texte. Pour l’historien, la légitimité se fonde sur des critères différents de ceux de l’auteur de jeunesse® travailler là-dessus pour ensuite travailler sur la légitimité des textes des élèves. Pour éclairer cela, rappelons que, par exemple, l’élève fonde la légitimité de sa composition sur le texte du cours du professeur. Or, celui-ci attend une production personnelle : il y a là une tension sur laquelle il convient de travailler.

·         La notion de point de vue.

Cette notion est souvent mieux utilisée en français qu’en histoire. Dans un roman, il y a plusieurs points de vue. On peut, par exemple, à propos d’un même thème, travailler sur plusieurs romans. On peut aussi distinguer le point de vue du lecteur de celui de l’auteur.

·         Utiliser le roman, cela consomme du temps.

On peut, pour travailler à partir de romans historiques, utiliser les T.P.E. par exemple, écrire un roman historique avec ses élèves.

Quelques références :

La tête de la chèvre. Siegal ( ?). (Sur la shoah). Gallimard.

La grâce au désert. Idem. (Sur la shoah). Gallimard

La maison vide, L’hôtel du retour, rue de Paris . Trilogie de Gutman ( ?). Gallimard.

Un lourd silence. Szac. Seuil.

Eviter la nouvelle collection Nathan sur les romans de la mémoire : romans composites, sans attrait.

Lire, de P. BRUNO : « Y a-t-il une culture adolescente ? », éditions Presse-Image

PS : Ces notes n’engagent que celui qui les a prises…et non l’auteur de la conférence.

Voir d'autres CR