LA FABRICATION DES GRANDS HOMMES.
Biographies et enseignement de l'histoire
LA FIN DES GRANDS HOMMES. INDIVIDU ET HISTOIRE DANS LES VIES PARALLELES DE PLUTARQUE (
P. Payen)
LA FABRICATOIN « DES »JEANNE D’ARC
(
F. Michaud-Fréjaville)

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Compte-rendu réalisé par Michel SOUVIGNY

Vendredi 18 octobre 2002

Débat organisé par François Lebrun avec la participation de G. Miroux, Françoise Michaud-Fréjaville et Pascal Payen.

F. Lebrun :

Depuis 10 à 15 ans, on assiste à un renouveau de la biographie historique.

Jusqu’au milieu du XIXème s., l’histoire était à peu près synonyme d’histoire des grands hommes. Comment fabriquait-on ces grands hommes, comment les présentait-on ?

P. Payen (coauteur des Vies parallèles de Plutarque, collection Quarto, Gallimard) :

On assiste à une succession d’anachronismes

·        Une Vie de Plutarque est-elle vraiment une biographie ?

·        La notion de grands hommes n’est plus la même qu autrefois : pour les Anciens, un homme est grand pourvu qu’il se conforme aux héros; il ne cherche pas à se distinguer.

F. Lebrun :

Comment ont été élaborées les Vies parallèles ?

P .Payen :

Plutarque (46 environ-120 ap. J.C.)  est une des grandes figures de la littérature grecque; il a écrit au moins 227 titres; 50 Vies nous sont parvenues dont 46 nous concernent aujourd’hui. Toujours, le récit de la vie d’un Grec est suivi par la vie d’un Romain, et se termine par une comparaison (« parallèle »).

C’est une immense histoire mêlée de la Grèce et de Rome, dédiée à un riche Romain.

Depuis 146 av.JC, la Grèce est une province romaine

Qui est Plutarque ? Un notable grec, qui assure des fonctions dans sa cité.

La comparaison est éclipsée par la traduction d’Amyot (1555) : Vies des hommes illustres, et non pas Vies parallèles

F. Lebrun passe la parole à Françoise Michaud-Fréjaville à propos de la fabrication « des » Jeanne d’Arc.

F. Michaud-Fréjaville :

A - Comment l’Ancien Régime a-il fabriqué ses Jeanne d’Arc ?

·        celle qui a aidé Charles VII

·        une Jeanne d’Arc sensible, baroque

B - la récupération de Jeanne :

·        à la fin de la Révolution

·        et par les historiens

C - la Jeanne d’Arc nationaliste et sainte

A - L’envoyée de Dieu au secours de Charles VII :

De mai à août 1429, Jeanne est annoncée à toutes les cours de l’Europe, autour de son confesseur et de 5 à 6 textes anciens réinterprétés

A cela s’ajoute le tableau de Jeanne par les gens qui la voient :

·        bergère

·        reconnaissance de Chinon

·        comparaison avec Judith (épée) ou Déborah (étendard)

En face, portrait en contre-propagande des Anglo-Bourguignons qui, eux aussi, envoient des lettres dans toutes les capitales d’Europe

·        sorcière

·        menteuse…

Peu à peu elle entre dans la Galerie des Grands Hommes du palais du cardinal de Richelieu

Plus tard, le personnage sera transformé par Schiller.

B - La récupération par l’histoire :

Elle sera faite par Bonaparte : statue élevée à Orléans par Evariste Goix ?), en 1802; ce sera sans lendemain. On note cependant un parallèle intéressant entre la statue de Jeanne d’Arc…et le portrait de Bonaparte au pont d’Arcole !

On assiste ensuite à la construction du personnage historique de Jeanne ; le travail de Jules Quicherat autour de 1840, permet de consulter le procès de condamnation.

C - Jeanne échappe à l’histoire et réintègre le présent :

Depuis 1840 environ, le personnage est exploité en choisissant certains documents :

·        Une Jeanne populaire et laïque (Michelet), celle des livres d’histoire.

·        Une Jeanne catholique et royaliste, sainte, apparaît  vers 1869 : c’est l’œuvre de Mgr Dupanloup, pour lequel il faut avouer l’erreur de l’Eglise, qui a condamné Jeanne d’Arc. La synthèse entre fille du peuple et sainteté n’a jamais pu se faire.

·        Enfin la sainteté, dernière construction de Jeanne d’Arc.

En conclusion, il est difficile de faire une biographie de Jeanne d’Arc.

P S : le site Internet du centre Jeanne d’Arc d’Orléans sera bientôt en service.

Je n’ai, malheureusement, pas pu  prendre de notes lors de l’intervention de G.Miroux.

Compte-rendu réalisé par Michel SOUVIGNY

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