Communication : « Les Egyptiens de l’Antiquité face aux étrangers : hostilité, combat, négociation ».

Intervenante : Catherine Chadefaud.
 

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Compte-rendu réalisé par Jean–Luc TINTORRI

Exposé basé sur des bas–reliefs, des peintures, quelques textes. Période concernée : toute l’histoire égyptienne.

Pour pénétrer en Egypte :

-         le Nord par le delta (le Nord / Nord –Est est une frontière dangereuse),

-         le Sud par la Nubie,

-         l’Ouest en traversant le désert (qui n’en est pas un à cette époque reculée, seulement une savane arborée, changement climatique oblige).

-         Il y a moins de danger à l’Est, sur la mer Rouge : le manque d’eau retient les éventuelles invasions.

Les Egyptiens nomment les pays étrangers « Les neuf arcs ». Ils les imaginent en proie au chaos, au désordre, alors qu’en Egypte règne Mâât, l’Equilibre. Il faut donc, le plus possible, éviter les relations avec l’extérieur.

 1.    Les échanges commerciaux.

Néanmoins, les Egyptiens ont un besoin vital de certaines matières : l’or et l’encens pour le culte, le granit pour la construction des pyramides, etc.

 Ils sont donc obligés d’entrer en contact avec les étrangers pour se les procurer et organisent des expéditions (surtout par bateaux, le trajet via les pistes étant trop difficile et dangereux) vers le Sinaï et le Sud –Est égyptien (or), la région d’Assouan (granit), la Nubie…

 Les documents nous offrent plusieurs exemples d’expéditions :

·        Sous l’Ancien Empire, règne du Pharaon Merenrê, expédition vers la Nubie, entre 6 et 8 mois. Un pygmée ramené pour l’occasion suscite beaucoup de curiosité, même si les archives gardent le souvenir d’un autre pygmée déjà ramené dans le passé,

·        Au Nouvel Empire, la reine Hatshepsout (XVIIIe dynastie) organise une expédition vers le pays de Pount pour contourner le coût très élevé de l’encens : elle veut en effet acclimater des arbres à encens en Egypte.

Entre autre chose, l’iconographie insiste sur les malformations de la reine de Pount. Il est rare qu’un étranger soit personnalisé : la manière de représenter les étrangers est figée, il y a un modèle –type pour les Nubiens, un autre pour les Asiatiques…

 Les échanges commerciaux prennent aussi la forme de tributs. Les Nubiens versent des tributs sous forme de colliers d’or (c’est le plus fréquent), mais aussi de peaux de bête, de plumes, d’ivoire…

 2.    Les relations diplomatiques.

Au Nord –Est, il faut surveiller les côtes pour éviter les incursions étrangères, notamment celles des tribus nomades. Dans cette optique, les Egyptiens développent, avec les Asiatiques, des relations complexes : ils s’allient à certaines principautés contre d’autres et tentent de diviser pour mieux régner.

Aménophis III, puis Aménophis IV – Akhénation (XVIIIe dynastie) se protègent des Hittites qui menacent la Syrie–Palestine en s’alliant à des potentats dont les principautés forment un glacis protecteur (comme le roi du Mitanni). La correspondance se fait en langue cunéiforme. Mais cette politique échoue : une trop grande division règne entre ces différents petits royaumes et le conflit contre les Hittites reprend.

Il arrive aussi aux Egyptiens d’aller chercher des princesses étrangères pour le harem de Pharaon où elles seront concubines. Pendant le Nouvel Empire, les mariages les plus nombreux sont ceux avec des princesses asiatiques (plutôt qu’avec des Nubiennes). Ainsi la célèbre Néfertiti (XVIIIe dynastie) à laquelle, dès son arrivée, un nom égyptien est attribué (« la belle est venue »), ou bien la princesse hittite qui épouse Ramsès II (XIXe dynastie) après la bataille de Qadesh. Ces princesses peuvent introduire des usages étrangers.

3.    Les guerres.

Dès l’époque pré dynastique, des guerres sont menées : sur des tablettes d’argile, on prend les troupeaux des vaincus et on coupe ou brûle leurs arbres (ainsi contre les Libyens)…

Aux Ve et VIe dynasties, des statuettes en calcaire sont disposées le long des rampes d’accès qui mènent aux temples ou aux pyramides. Agenouillés, les coudes liés dans le dos, les vaincus sont les prisonniers de Pharaon.

Le thème du combat est développé dans l’iconographie tout au long des XIXe et XXe dynasties.

Soit le roi combat à pied ; il piétine, attrape les ennemis par les cheveux et abat sa massue. Soit il est sur son char, muni de l’arc, et écrase les vaincus. C’est cette dernière thématique qui est classique sous Ramsès II et Ramsès III. L’image du roi vainqueur sert de propagande : on la trouve, développée sur plusieurs mètres de hauteur, sur le pourtour extérieur des temples pour que tout le monde la voie.

Il y a peu de massacres d’étrangers : ils sont plutôt utilisés comme main d’œuvre dans les mines, les carrières, les domaines ruraux, ou bien on les distribue aux officiers.

Dans tous les cas, les étrangers sont représentés en vaincus.

4.    Etrangers en Egypte.

Mais il arrive que des Etrangers vainquent les Egyptiens.

Les Hyksos, « les princes qui venaient des pays étrangers », entrés par le delta, conquièrent tout le pays, mettent fin au Moyen Empire (vers 1760 av. J. –C.), et s’installent pour un siècle et demi. Ils sont présentés comme le mal absolu et on leur associe le dieu maléfique Seth.

Les Peuples de la Mer, pendant les règnes de Ramsès III et IV, arrivent par la Méditerranée. Encore une fois, l’Egypte est vaincue, attaquée par le Nord, et par le Sud (invasion des Ethiopiens).

De même les Perses, qui intègrent l’Egypte à leur Empire. De fait, lorsque les Macédoniens d’Alexandre arrivent, ils sont plutôt accueillis comme des libérateurs.

Jean–Luc TINTORRI

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