Action scolaire
pour les classes de 6ème et 5ème
Débat précédé de la
projection d’un numéro du magazine de France 3 « Thalassa », intitulé
Quand la mer monte… |
Compte-rendu réalisé par Bruno Granger.
Je
participais vendredi matin avec des élèves de 6e à une projection-débat sur
"Réchauffement climatique et catastrophes naturelles". C'était la première fois
depuis 4 ans qu'une animation était proposée aux élèves de 6e/5e, bonne
initiative.
Le débat était très bien animé par Jean Lopez rédacteur en chef de Science et
Vie junior. Participaient aussi J.M. Barnola glaciologue, Mme Granet-Abisset
historienne de l'université de Grenoble et deux responsables locaux de la
responsabilité civile et des risques majeurs.
Les trois documentaires projetés étaient extraits de l'émission Thalassa "Quand
la mer monte". Le premier présentait la situation de l'atoll de Tuvalu dans le
Pacifique (10 000 hab.) Pour ce peuple de marins et de pêcheurs, l'océan est
devenu l'ennemi à combattre. Depuis les aménagements militaires américains de
1942-43 pour construire une piste d'atterrissage (dragage du sable, utilisation
des coraux...) la situation n'a cessé de s'aggraver. A cause du réchauffement
climatique, les coraux meurent, le niveau de l'eau monte, des cyclones se
développent, la végétation disparaît et lors des grandes marées de février, les
maisons sont inondées, soit par la mer, soit par des remontées d'eau salée. L'Etat
envisage d'acheter une île plus haute ailleurs. Pourtant, si les P.D.I
réduisaient de 10% leurs émissions de gaz à effet de serre, la situation se
stabiliserait.
A la suite de questions des élèves, M. Barnola explique que les causes de la
montée du niveau de la mer sont doubles : la fusion des glaces polaires et la
dilatation du volume de l'eau qui se réchauffe (50% pour chaque cause). M. Lopez
ajoute que même si ces variations ne sont que de quelques dizaines de
centimètres, les conséquences sont très graves, car la majorité de la population
mondiale habite sur les littoraux. Cela devient même dramatique dans le cas du
Bangladesh.
Le deuxième reportage nous entraînait sur les glaces des pôles (qu'il ne faut
pas confondre avec la banquise) en compagnie de M. Lorius glaciologue de
Grenoble. Des carottes de glace de plus de 3000 m de profondeur ont été
réalisées permettant de connaître la composition de l'atmosphère jusqu'à -420
000 ans. Si toute la glace des calottes fondait, (pour cela il faudrait une
longue période d'augmentation de la température de 15°C) le niveau des océans et
des mers augmenterait de 75 m, ce qui fait qu'à Blois sur le plateau à environ
100 m d'altitude, nous aurions la plage au bord de la Loire ! Les prévisions
actuelles parlent d'un réchauffement de 4.5°C pour le XXI ème siècle soit une
montée des eaux de 14 à 80 cm. Le réchauffement climatique modifiera la
répartition des espèces animales et peut-être une modification des aires des
maladies endémiques. Par exemple,
on trouve déjà en Italie du sud le virus West Nil qui a quitté l'Egypte.
Le deuxième reportage sur l'érosion des falaises au sud de l'île de Wight était
moins directement lié au sujet car il s'agit plus d'un problème lié à
l'humidité, aux précipitations qu'à l'érosion marine mais il permettait
d'introduire la notion de catastrophe naturelle chez nous. L'exemple développé
était le coteau du village de Chaumont-sur-Loire qui s'effondre. Le phénomène a
été aggravé par l'abattage des arbres dont les racines tenaient la roche. Dans
un premier temps on a installé une sorte de filet mais il se gorgeait d'eau et
était inefficace. Ensuite on a construit des murets en terrasses après avoir
pris soin de drainer l'eau qui circule dans la roche. M. Blanc chef de la
responsabilité civile à la préfecture de Blois a évoqué la protection du
quartier de Blois-Vienne en cas de crue par l'obstruction des rues, ce qui
complète le système des digues et transforme le quartier en île.
Pour conclure, M. Lopez a insisté sur le fait qu'il ne fallait pas avoir peur.
On a l'impression qu'il y a plus de catastrophes car on parle de plus en plus
des catastrophes (les médias aiment le catastrophisme qui marque les esprits).
Mais c'est aussi parce que les hommes sont de plus en plus nombreux sur terre et
qu'ils occupent des endroits plus dangereux (comme au Venezuela). Mme
Granet-Abisset ajoute que l'homme parfois crée le risque. Par exemple dans la
vallée de Chamonix touchée en 1999 par une avalanche meurtrière au hameau de
Montroc. Les anciens savaient que le risque existait, mais on avait "oublié"
pour spéculer sur la vente des terrains !
Bruno Granger