L'homme apprenti sorcier - Projection-débat.
Animateur : Arte, Jean-Claude Lescure.
Participants : Frédéric Brunquell, réalisateur du documentaire MORT AUX VACHES, Bertrand Hervieu, président de l’INRA, André Pochon, agriculteur, le Père Ribaud.

Voir d'autres
CR

Compte-rendu réalisé par Isabelle Didierjean

DEBAT

La majorité des vaches laitières, encore aujourd’hui, sont nourries de maïs , de fourrage américain et de composés alimentaires. Or l’herbe est moins chère et la viande des vaches  nourries de cette façon est meilleure. Une prime de 2650 F est accordée pour un hectare de maïs, alors qu’il n’y a quasiment pas de primes pour l’herbe car le lobby du soja et autres aliments est très puissant. C’est la volonté d’augmenter la production qui a entraîné la mise en place de ce système au début de la construction de l’Europe car à cette époque la France et l’Europe étaient déficitaires. L’autonomie et la sécurité alimentaire de l’Europe en cette période de guerre froide ont été la base même de l’Europe. Cela a abouti à intensifier la production. Le rôle de la recherche dans cette intensification (l’INRA a été créée en 1946 en France) a été important : c’est l’idée que la science va sortir le pays de l’insuffisance alimentaire. De plus cet effort a été encouragé par des lois et une politique incitatives (le budget consacré à l’agriculture est considérable : la moitié du budget européen est dévolu à l’alimentaire) et par le rôle des agriculteurs eux – même dans la modernisation ( ils ont voulu faire partie de la modernisation de la société pour ne pas rester à l’écart). Cela aboutit à la multiplication par 3 de la production : ainsi dès la fin des années soixante, il y a des excédents de viande dans les frigos européens. Pourtant le mouvement s’est accéléré : on importe du soja des USA par exemple, ce qui produit des excédents de poudre de lait ou de beurre. Tout cela nous mène à la pollution de l’eau et aux impasses actuelles, mais ces phénomènes étaient déjà présents dans les années 70. Thatcher a démantelé les services vétérinaires, les contrôles étant confiés aux entreprises elles – mêmes. Cela n’a pas été le cas en France. La même chose s’est produite avec les farines non chauffées : elles étaient importées d’Angleterre. 30% des ressources marines et d’eau douce ont régressé. La France reçoit un quart des aides agricoles de l’Europe  ( PAC), il y a donc une forte pression pour que ce système ne change pas de la part de ceux qui en vivent et qui ne veulent pas que la France perde sa place dans l’agriculture européenne. La PAC représente la moitié du budget  européen.

            Economie  ou environnement ? L’appropriation du matériau génétique donne aux firmes la capacité de décider de la distribution ou non de telle ou telle espèce. C’est en France qu’il y a la plus grande diversité de PME et PMI, ce qui est une garantie d’indépendance. Par exemple en Australie, une firme a refusé de distribuer les semences de coton. Cela pose la question de la propriété : qui possède les semences ? Les firmes ? Leurs budgets de recherche sont quatre fois supérieurs à celui de l’INRA. Celui – ci a la capacité d’expertise sur ce qui arrive sur le marché et il a la propriété intellectuelle ( par exemple en ce qui concerne le décryptage du génome) avec les autres organismes publics, pour empêcher le hold up par des sociétés privées sur les avancées de la science. 

Voir d'autres CR