Le changement climatique : mythe ou réalité ?
CONFERENCE DE CLOTURE : G. MEGIE

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Compte-rendu réalisé par Isabelle Didierjean

La terre a une place privilégiée dans le système solaire par rapport à des planètes comme Vénus ou Mars (qui sont inhabitables). La terre contient de l’eau, y compris dans l’atmosphère : cette eau , en plus d’être une source de vie, joue un rôle de régulateur thermique. L’atmosphère (enveloppe superficielle) est – elle stable ? C’est une enveloppe fragile ; elle est liée aux océans et aux biosphères. Elle est liée aussi aux conditions de vie. Elle est constituée de vapeur d’eau et de gaz ( azote : 7.8 %, oxygène :21 % …). Autres gaz : dioxyde de carbone, méthane, ozone etc… Tous les gaz s’échangent entre l’atmosphère, les océans, les biosphères, les sédiments etc… : il y a donc différents compartiments. Ces échanges créent un équilibre. Si ces échanges sont modifiés, l’équilibre l’est aussi. Voilà pourquoi des gaz en quantité infime comme l’ozone ont une telle influence.

            Le rayonnement est absorbé par certains gaz : c’est l’effet de serre. Grâce à l’action conjuguée de ces gaz et à la vapeur d’eau, la température à la surface de la terre est de 15°C environ ; sinon, elle serait de – 18°C et il n’y aurait donc pas de vie. Le soleil est une masse d’énergie redistribuée sur la terre entre les pôles et l’équateur. Le cycle de l’eau ( évaporation suivie de précipitations ou de neige) constitue le climat, c’est – à – dire un système dynamique qui relie entre eux tous les compartiments. Ce système évolue. Le climat du passé nous est indiqué par les sédiments et les carottes de glace. Aujourd’hui, nous sommes dans une période interglaciaire. Les carottes glaciaires nous renseignent sur la composition de l’atmosphère et sur les températures. Certaines d’entre elles peuvent faire jusqu’à 3 km de long et remonter jusqu’à 400 000 ans en arrière. La glace enferme des bulles d’air qui descendent au fur et à mesure. Elles nous apportent donc un témoignage sur les époques passées. Cela permet de déterminer des cycles cosmiques : la position de la terre par rapport au soleil et son axe entraînent  des variations de l’énergie qui arrive à la surface de la terre. Entre les périodes glaciaires et les périodes interglaciaires, il y a 6°C  de différence.

            Dans le passé la concentration la plus forte en gaz carbonique a été de 280 millionièmes; aujourd’hui, elle est de 360. Le méthane a doublé son taux dans l’atmosphère. Tout cela relève de l’action humaine : industrie, déforestation, pratiques agricoles, et cela entraîne une modification du climat de la terre. L’échelle du temps permet de voir si les changements sont temporaires ou pas et de voir dans quel délai il faut réagir. On est passé de 200 millionièmes  à 260 en 10 000 ans et de 260 à 360 en un siècle. Aujourd’hui il y a un déséquilibre du système de concentration des gaz dans l’atmosphère. La moitié du gaz carbonique reste dans l’atmosphère, le reste va dans l’océan, la biosphère ( absorption par les végétaux). Les différents compartiments (océans …) vont – ils stocker durablement le gaz carbonique ou celui – ci va – t – il ressortir ?  Les échanges sont rapides (dans le cas des industries qui brûlent les énergies fossiles) ou lents (le cycle de la végétation permet de constituer des réservoirs transitoires : quand les arbres meurent, le gaz carbonique qu’ils contenaient est rejeté). En ce qui concerne l’océan, le gaz pénètre dans les régions froides ; les eaux plongent puis remontent  (en 70 ans ou un siècle) et rejettent leur gaz carbonique. Ce qui est rejeté aujourd’hui est donc le gaz carbonique du début du siècle. Le trajet des eaux forme une sorte de boucle. Celle – ci peut – elle être modifiée ? Il y a un effet de retard et d’inertie dans ces phénomènes.

            Le méthane est 26 fois plus puissant que le gaz carbonique, à masse égale. Il pose donc un problème, bien qu’il soit peu important en quantité, en ce qui concerne l’effet de serre. Aujourd’hui le méthane est produit par les marécages (les feux follets dus à la fermentation), les décharges, la combustion de la biomasse végétale, les rizières, les ruminants, le gaz et le pétrole, le charbon. Il s’en produit aujourd’hui 250 millions de tonnes par an, ce qui fait 590 millions de tonnes en un siècle. Aujourd’hui il représente les deux tiers des émissions anthropiques. L’ozone ( pas celui de la stratosphère qui nous protège des ultra – violets mais celui qui est industriel) est en augmentation faible mais il est 1200 fois plus puissant que le gaz carbonique en ce qui concerne l’effet de serre. Il se concentre sur le Nord de l’Amérique et l’Europe. Aujourd’hui, par rapport au début du siècle, il y a eu une augmentation par quatre des oxydes d’azote, des hydrocarbures et du rayonnement solaire. Or quelques millièmes de milliardièmes d’oxydes d’azote peuvent fabriquer de l’ozone. La plupart des gaz permettant la composition de l’ozone viennent de l’homme, sauf les hydrocarbures (20 % de l’homme, 80 % des végétaux). Le méthane est éliminé en dix ou douze ans ; l’ozone en six mois si on en produit plus du tout. Mais pour le CO 2, il faut environ 200 ans; il faut donc commencer tôt à changer de comportement !

             Le changement climatique a – t – il débuté ? La température moyenne de la terre de 1860 à 2000 a augmenté de 0.6°C. Il y a donc un signal réel depuis 50 ans. 1998 a été l’année la plus chaude. Quand on examine le climat depuis mille ans ( grâce aux archives glaciaires, à la dendrologie et aux archives historiques), on voit une rupture depuis le milieu du XIX° siècle. La confirmation  en est fournie par le recul des glaciers et par l’augmentation du niveau des mers ( en valeur moyenne). En ce qui concerne les cyclones, il n’y a pas de données statistiques ; même chose pour les tempêtes. Leurs occurrences sont à surveiller.

            Et pour le futur ? 9 milliards de tonnes de CO 2 sont rejetés vers l’atmosphère aujourd’hui. Pour un équilibre retrouvé, il faudrait une diminution de 40% de la combustion des énergies fossiles pour un équilibre dans 100 – 150 ans. Il faut donc une prise de conscience des sociétés. Le siècle prochain verra – t – il  le rejet de 500  ou de 1000 millions de tonnes de CO2 ? Selon le scénario qui sera mis en route, il y aura une augmentation de la température de 1.6° C ou de 5.8° (c’est – à – dire la différence entre une période glaciaire et une période interglaciaire). Le climat va faire monter le niveau des océans de 30 cm ou d'1 m. Il va y avoir aussi une accélération du cycle des précipitations, le déplacement des isothermes de 150 à 550 km, la recrudescence des phénomènes extrêmes (tempêtes, cyclones, inondations) à cause de la rupture d’équilibre, la fragilité de certains écosystèmes, l’augmentation des vagues de chaleur et des périodes sèches, les risques de maladies infectieuses (paludisme, fièvre jaune…), la baisse des rendements agricoles dans les tropiques notamment.

            Mais il n’y aura peut – être pas de rupture linéaire. La glace qui fond aux pôles produit de l’eau douce. Or les eaux moins salées plongent moins profondément; le Gulf Stream  va peut – être tourner dans sa progression avant nos côtes ( une rupture qui peut arriver en quelques décennies) : ainsi il ferait froid comme au Canada, qui est à la même latitude que chez nous.

            A Kyoto, un engagement a été pris pour 2008 – 2012 : diminuer la production de CO 2 de 8 % (pour l’Europe). L’URSS a effectivement diminué sa production de CO 2 mais c’est involontaire : c’est à cause de la baisse de ses industries. En France, le cas est particulier du fait du nucléaire. Les gaz à effet de serre sont dus principalement aux transports (secteur où il y a eu le moins de diminution) et l’agriculture. Des efforts ont été réalisés dans le domaine de l’habitat et de  l’énergie mais pas dans celui des transports. A propos du suivi des engagements pris à Kyoto : l’Europe a dépassé le plafond autorisé mais pas trop, tandis que les USA accusent un accroissement de 10 % au lieu d’une diminution de 5 %.

            Paul Eluard a écrit : « La terre est bleue comme une orange ». Peut – être aura – t – il un jour raison !

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