Conférence de clôture
Changement climatique : mythe ou réalité ?
Gérard Mégie

climatologue, président du CNRS

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CR

Compte-rendu réalisé par Bruno Granger

La dernière conférence de cette 4ème édition des Rendez-vous de l'histoire de Blois était prononcée par Gérard Mégie directeur du CNRS.
Son exposé très clair était soutenu par la projection d'une série de documents qui feront défaut dans ce compte-rendu.
 
1) La fragilité des équilibres
Sur terre, la présence de l'eau, de températures idéales, la pression atmosphérique... on permis le développement d'une atmosphère épaisse seulement de 10 à 12 km (pour 90% de sa masse) qui est une enveloppe ténue et fragile. Elle est composée de 78% d'azote, 21% d'oxygène... et aussi dans des proportions infimes de dioxyde de Carbonne 360 ppm, de méthane 1.8 ppm .... Elle entretient un fragile équilibre avec les océans (le cycle de l'eau redistribue l'énergie entre les tropiques et les pôles), la terre et la biosphère. Les gaz rares que nous venons d'évoquer jouent un rôle important en permettant l'effet de serre qui est d'abord positif car il maintient la température moyenne du globe autour de 15°C (sans cet effet de serre, la température serait de -18°C).
La terre a toujours connu des variations climatiques, au Crétacé la température moyenne était de 25 à 30 °C. Depuis la fin de la dernière glaciation la température a augmenté de 6°C en 10 000 ans. Nous pouvons désormais grâce à la glaciologie connaître la composition de l'atmosphère sur plus de 400 000 ans (carotte glaciaire de plus de 3 000 m en Antarctique). On peut noter une corrélation entre les températures et le taux de CO2 ou de méthane. En période glaciaire, le CO2 atteignait 180 ppm, pendant les périodes interglaciaires il augmentait jusqu'à 280 ppm, aujourd'hui il est de 360 ppm. Alors que les variations climatiques étaient le fait d'une variation de l'énergie solaire en fonction de l'inclinaison de la terre sur son axe ou de sa trajectoire autour du soleil, aujourd'hui les variations sont dues aux activités humaines : agriculture, déforestation, industrialisation... Si l'on regarde les évolutions sur une échelle de temps différente on constate que depuis 1700 le CO
 est passé de 280 à 380 ppm soit une augmentation de 100 ppm (autant qu'en 10 000 ans à la fin de la glaciation). Le taux de méthane a été multiplié par 2 depuis 1700. Pourtant la pollution en CO2 ne représente que 7 milliards de tonnes par an contre 90 produits par les océans. Mais cela suffit à déséquilibrer le système. Le méthane qui est très peu important dans la composition de l'atmosphère joue un rôle non négligeable car il est 26 fois plus puissant que le CO2. Son augmentation est liée à l'accroissement de la population et au développement de l'agriculture (rizières, ruminants, gaz, pétrole...).
 
2) Le changement climatique a-t-il débuté ?
Oui, car nous constatons que la température moyenne a augmenté de + 0.6°C depuis 1860 (+0.4°C depuis 1980). Nous voyons le recul des glaciers alpins. Le niveau moyen de la mer a monté de 10 cm au XX ème siècle et l'épaisseur de la glace des banquises en été a diminué de 40%.
 
3) Quel futur ?
Il faudrait diminuer de 40% les émissions de CO2 pour stabiliser le système dans 150 à 200 ans (pensez que le CO2 stocké dans le fond des océans et qui circule grâce aux courants met 70 ans environ pour réapparaître en surface). Si on ne réagit qu'en 2050 on atteindra 750 ppm de CO2. A la fin du XXI ème siècle la température sera de 1.5 à 6°C plus élevée (selon le scénario envisagé). Le niveau des mers augmentera de 30 cm à 1 m. Les lignes isothermes se déplaceront de 150 à 550 km (c'est-à-dire que le désert progressera en Afrique de 150 à 550 km) ! Le cycle des précipitations s'accélèrera, les écosystèmes côtiers et montagnards seront sensibilisés, il y aura des vagues de chaleur, l'érosion des sols sera renforcée, les maladies infectieuses se répandront, les rendements agricoles diminueront et les populations les plus pauvres seront encore plus vulnérables !
De plus il y a des incertitudes sur le comportement du CO2 stocké par les océans 2 milliards de tonnes par an sur les 7 produits. Sur la conséquence de la fonte des banquises qui perturbera peut-être les courants marins affaiblissant par exemple la puissance du Gulf Stream qui pourrait ne plus atteindre l'Europe qui du coup se refroidirait.
L'avenir ne dépend pas des scientifiques qui ont tiré la sonnette d'alarme dès 1950, mais des hommes politiques qui n'ont réagit que depuis 10 ans : conférence de Rio en 1992 et de Kyoto en 1997 (décision de diminué la production de CO2 de 5.5% d'ici à 2010). Mais si l'U.E a entamé une réduction, les Etats-Unis qui devaient réduire de 8% ont augmenté de 10% environ. En France il nous faut surtout maîtriser le problème des transports.
 
Le poète P. Eluard disait :" La terre est bleue comme une orange". Faisons en sorte qu'elle ne devienne pas orange comme le fruit.
 
En conclusion Mme Perrot nous a dévoilé le prochain thème :"L'étranger" alors à l'année prochaine peut-être plus nombreux.
B. Granger

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