Voir l'intervention de Jean-François SOULET : LES MODELES IDEOLOGIQUES EN TERMINALE

Compte-rendu de l'intervention prononcée
par Véronique de Montchalin pendant la table ronde
" COMMENT ENSEIGNER LES CRIMES NAZIS ? "
des Rendez-vous de l'Histoire de Blois (1998)

Une approche interdisciplinaire ( histoire - philosophie ) pour enseigner les crimes nazis à partir du livre de Primo Levi Si c’est un homme.

Les raisons d’un choix

Pourquoi cette approche interdisciplinaire ?

En juin 1998 les élèves de TL avaient au bac philo le sujet suivant : " en quel sens peut -on dire d’un acte qu’il est inhumain ? " A la lecture des copies, nous avons constaté que les élèves n’avaient traité qu’un aspect de la question à savoir l’inhumanité sous sa forme bestiale et que ceux qui évoquaient le génocide le faisaient sous forme d’une dénonciation attristée mais sans véritable réflexion ; d’où l’idée sur un sujet , que nous considérions comme essentiel, l’enseignement des crimes nazis, d’associer nos démarches . De plus ceci était rendu possible par l’inscription dans le programme d’histoire de Terminale ,de la 2de Guerre mondiale.

Pourquoi un livre, pourquoi ce livre ?

Nous avons réfléchi à l’ensemble des supports pédagogiques disponibles et avons opté pour un témoignage écrit parce que il y a dans la lecture une démarche personnelle.

Nous avons choisi le livre de P. Levi car il est court, clair, accessible aux élèves et qu’il conjugue le témoignage et la réflexion .

Nos objectifs disciplinaires

- en histoire :mettre en évidence la spécificité des crimes nazis à travers l’étude de l’univers concentrationnaire et de la mise en œuvre de la politique d’anéantissement racial des juifs et des tsiganes ;

- en philosophie: interroger le concept d’humanité (à l’instar de la préoccupation récurrente de P.Levi : qu’est il advenu de l’homme dans les camps de la mort ?) .

Problématique commune :

Par delà le constat (cela a effectivement eu lieu ) il nous a semblé important de faire prendre conscience aux élèves que cela ne saurait être le fait d’une époque révolue mais que la barbarie peut toujours advenir ,qu’elle est une des possibilités. menaçantes et toujours actuelles de l’humain .

Modalités pratiques 

- Nous avons remis le jour de la rentrée un livre à chacun des 34 élèves d’une Terminale littéraire en leur demandant de le lire, en vue d’un débat commun histoire- philo  ;

- Ce débat a été précédé de 2h de cours d’ histoire intitulé "  le système concentrationnaire et le génocide " basé sur une étude de documents que l’on trouve dans la plupart de nos livres de Terminale ;

- Le débat a duré 3h : nous avons conduit la discussion à partir d’un questionnaire très ouvert remis aux élèves seulement deux jours avant ,afin de ne pas conditionner leur lecture (quel est le sens de la préface ? quels sont les 2 niveaux d’approche du livre ? comment comprenez -vous le titre ?);

- Quelques jours plus tard ,nous avons proposé un questionnaire anonyme aux élèves pour cerner l’intérêt de ce travail .

Conclusion 

Bien évidemment un tel débat n’ épuise pas les questions mais son utilité première est plutôt d’en poser et il est important aussi que des élèves perçoivent que sur un tel sujet leurs professeurs partagent avec eux des interrogations .....

En les écoutant, nous avons eu le sentiment que si la présentation des faits s’imposait dans toute sa rigueur ,elle devait s’accompagner d’une réflexion pour ne pas risquer la banalisation ;

- de plus cet effort de réflexion doit être entendu comme un appel à la vigilance : il ne s’agit pas de ressasser l’horreur mais d’avoir présent à l’esprit ce qui est arrivé hier et de traquer ensemble les manifestations même mineures de l’humiliation et de la violence ; il me semble qu’à travers cette démarche commune nous avons tenté de répondre aux préoccupations qui sont les nôtres en matière d’éducation civique : l’éducation aux droits de l’homme et l’éducation au jugement .

V. de Montchalin, professeur d’histoire-géographie ; lycée Fulbert - Chartres avec la participation de V. Badaracco, professeur de philosophie.

NB : l’intégralité du texte sera publié dans un des prochains numéros d’historiens - géographes

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